LA bonne posture!

Bien installer son poste de travail, bien s’asseoir à l’école, se tenir droit, porter un cartable moins lourd, soulever une charge le dos droit… Voici des sujets qui  obsèdent les patients et pour lesquels nous, kinésithérapeutes, sommes souvent sollicités.
De plus en plus de kinés développent une activité d’ergonomie en entreprise, de conseils en manutention, écrivent livres et livrets sur le sujet, s’insurgent contre la kinésiophobie.

Une bonne fois pour toute, nous allons voir les bonnes positions à adopter.

Tout d’abord, c’est quoi une bonne posture?

Une bonne posture est, en toute logique, une position qui n’entraîne pas de pathologie à court moyen et long termes.
On peut ajouter qu’une bonne posture n’entretient ou n’amplifie pas une pathologie existante.
(NB: dans ce cas est-ce la posture ou la pathologie qui est mauvaise?)
On ajoutera à cette définition qu’une position quelle qu’elle soit, ne devrait pas contribuer, même en tant que simple facteur de risque à l’apparition de symptômes

Le temps de maintien:

Il manque peut être quelque chose à cette définition, car on pourrait aisément imaginer que la bonne posture est celle que l’on peut tenir indéfiniment sans douleur.

  • Combien de temps pouvez-vous tenir debout sans bouger, marcher sans douleur?
  • Combien de kilomètres pouvez-vous faire avec un cartable sur le dos?
  • Combien de fois pouvez-vous soulever une charge de 50kg?

On l’a compris, dans tous les cas, le facteur temps semble épuiser la « bonne posture » définit plus haut.
C’est donc un paramètre dont il faut tenir compte.

Savez-vous que le record du monde de gainage est de 8h 1min 1seconde?

Posture et biomécanique:

D’un point de vue biomécanique, on a tous en tête cette image qui vient des origines de la kinésithérapie, repris par tous les « bons » livres de biomecanique :

Celle du bras de levier énorme qui s’applique sur les muscles lombaires, la colonne vertébrale et ses fameux disques lorsque l’on porte une charge penché en avant.

Savez-vous que des personnes sont capables de faire ça?

L’avis des McKenzistes:

La méthode McKenzie conseille souvent des mouvements répétés dans une seule direction ainsi qu’une correction posturale à l’aide parfois d’un coussin en position assise par exemple.

Ainsi les McKenzistes patentés, affirmeront voir, tous les jours, des patients qui s’améliorent avec ce coussin dans le dos en position assise et en évitant les positions faisant le mouvement inverse à la préférence directionnelle

Mais on est là sur une vision réductrice de la méthode Mckenzie.

Ce sont bien les McKenzistes qui demanderont à leur patients d’augmenter progressivement les forces appliquées sur le dos, de refaire des mouvements dans tous les sens dès la récupération de l’épisode douloureux et de garder une activité physique régulière.

Il faut donc considérer le soin passant par la correction posturale comme une option de traitement voire de soulagement ponctuel mais pas une règle inamovible ou éternelle.

L’avis des ergonomes:

Certains professionnels de l’ergonomie (mais sûrement pas les meilleurs) iront de leurs modèles biomécaniques qu’ils soientt musculaires ou squelettiques pour justifier certaines postures au travail en calculant de manière très précise des angulations de coude, des hauteurs d’écran ou encore des inclinaisons de dossier soit disant idéaux..
Mais l’ergonomie, c’est aussi une reconnaissance du poste de travail et des TMS par l’employeur, ce qui n’est pas rien pour l’employé, c’est rester en forme, être attentif à l’apparition de symptômes et s’adapter à ceux-ci.

On vise alors l’optimisation du geste professionnel lors du temps de travail bien au-delà de la correction de posture.

L’avis d’un professionnel:

Voici une vidéo de Greg Lehman qui en peu de mots soutient que la posture idéale n’existe tout simplement pas.

Le livret sur la douleur a été traduit et est disponible en français sur actukine.comEducation à la douleur pour patients et thérapeutes Guide de la douleur: Programme de rétablissement (Greg Lehman)

Je vous renvoie également à un article de O’Sullivan paru cette semaine dans The Guardian intitulé: Are you sitting comfortably: the myth of good posture.

Moralité :

Ainsi une bonne posture est une posture maintenue tant qu’elle n’est pas responsable de pathologies.

  • L’apparition de symptômes lors du maintien postural prolongé est normal et doit alerter alors sur un changement de position. Il est probable que ce changement de position nécessaire soit immédiat et qu’il y ait un effet de latence, à savoir que le posture maintenue « trop » longtemps, soit diminuée lors des heures voire jours (1 à 3 jours?) qui suivent l’apparition de cette douleur, ce pourrait être considéré comme un temps de récupération, semblable au temps de récupération nécessaire après un exercice sportif.

 

  • Il est possible d’optimiser certaines positions afin qu’elles soient à meilleur rendement énergétique donc qu’elles puissent être maintenues plus longtemps. Autrement dit on peut s’entraîner à tenir des postures plus longtemps ou simplement à tenir des postures jugées à tord dangereuses.

 

  • Il est possible et même souhaitable de s’entraîner à maintenir une posture d’autant plus qu’elle correspond à un poste de travail et qu’elle doit être maintenue longtemps. Autrement dit, être en forme et être adaptable est un gage d’employabilité et de durabilité dans le temps.

 

  • Notons que nous ne sommes pas égaux devant l’adoption ou le maintien de telle ou telle posture. Ni devant les efforts à fournir pour entraîner un maintien postural.

 

  • Nous ne sommes pas non plus constants dans notre capacité à maintenir une posture sans douleur, la fatigue, le stress, les maladies font varier ces capacités.

Quoiqu’il en soit, il faut savoir adapter le corps à la posture et adapter la posture aux capacités du corps.

  • Le rôle de la posture dans l’apparition de pathologies est largement surestimée. Elle doit être au mieux considérée comme un facteur de risque.

 

  • Les facteurs de risque associés aux troubles musculo-squelettiques sont bien souvent liés à la sédentarité,  au surpoids, au manque d’activité physique mais aussi aux troubles du sommeil et au stress biopsychosocial.

 

  • De manière prospective et pronostique, il est établit qu’une activité physique régulière, un temps de sommeil suffisant et un stress psycho social maîtrisé contribue à la prévention des troubles musculo-squelettiques, CQFD.

En somme, la bonne position est celle qui change et qui est adaptée au moment.

Un proverbe morvandiau, entendu de Cyrille Javary dit: « Le mauvais temps, c’est celui qui ne change pas ». 

Aussi on  paraphrasera en disant; « La mauvaise posture est celle qui ne change pas ».

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2 commentaires

  1. La bonne posture :
    –c’est celle que l’on se donne
    –c’est celle que l’on adopte
    –ce n’est pas celle du voisin
    –c’est celle de l’individu avec toutes ces différences
    –c’est le mouvement
    –C’est celle qui nous Fatigue le moins Et nous fait travailler plus longtemps
    –c’est forcément vrai ce Que dit Julien et il n’y a probablement pas de vérité
    Merci Julien, complètement d’accord avec toi

  2. Merci beaucoup pour cet article très pertinent, à l’heure où les correcteurs de posture arrivent même chez les patientes de 80 ans avec tassements vertébraux !

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