Optimiser simplement et efficacement le renforcement musculaire de vos patients
Dans cet article, je vais tenter de vous expliquer un moyen simple et efficace de faire progresser vos patients en renforcement musculaire sans risque et toujours en bonne santé.
Au début de ma pratique, je proposais un exercice que je trouvais subjectivement suffisamment adapté à mon patient et je donnais 3×10 répétitions à faire. Si je voyais que c’était trop dur, on en restait à 3×8 et si c’était trop facile à 3×12… En gros c’était au feeling et tout le monde était content.
Et puis avec le temps, ma pratique sportive, mes connaissances en musculation, en planification d’entraînement, je me suis dit qu’il était nécessaire d’optimiser cela pour le rendre plus efficace.
En plus, souvent en kiné, on ne cherche pas la performance mais plutôt la restauration de capacités perdues.
Mais ce n’est pas parce que l’on ne cherche pas la performance que l’on ne doit pas être efficace.
Voici une méthode simple et efficace pour développer des capacités musculaires tout en préservant la santé de nos patients.
Cette solution associe évaluation, planification, progression et adaptation en cas de fatigue, pathologie, etc.
Évaluation initiale
La première chose à faire est d’évaluer les capacités du patient. Pour cela on va tenter d’établir un « max ». L’idée n’est pas d’établir un max théorique absolu mais un max des possibilités du patient ce jour avec ses capacités.
Pour prendre un exemple, admettons que l’on souhaite renforcer les quadriceps d’un de nos patients BPCO avec un exercice de flexions debout.
Je demande à mon patient d’effectuer (après 3min de vélo pour un minimum d’échauffement) un maximum de flexions debout.
La consigne étant d’arrêter dès qu’il en ressent l’envie, quelque soit le motif de l’arrêt (douleur, fatigue, essoufflement, etc). Sachant que je ne tolère aucune douleur lors d’un exercice. Si au bout de 3 flexions il a mal au genou, on arrête l’exercice. Libre à moi de reconsidérer l’utilité de l’exercice ou de considérer le chiffre 3 comme son max.
On note donc le nombre maximal de flexions qu’a effectué notre patient. Ici 30 flexions.
Max=30 flexions
Calcul des charges de travail
Une fois le max établit, à quoi nous sert-il?
C’est extrêmement simple, 50% du max nous donne le nombre de répétitions à effectuer pour l’échauffement préalable à cet exercice.
Soit pour notre patient test: 50%=15 flexions.
Pour le nombre de répétitions de travail, c’est la même chose sauf que l’on applique un pourcentage variant de 60% pour un muscle désadapté à 80% pour un muscle très entraîné.
Pour notre patient test: 70%= 21flexions.
Planification des séances
Ensuite, je planifie un programme de renforcement sur 3 semaines à renouveler au moins une fois.
Ce qui fait au moins 6 semaines de travail, ce qui correspond au temps théorique nécessaire afin d’optimiser une réponse musculaire durable. Les 3 premières sont une amélioration du rendement musculaire plus qu’un développement musculaire.
Sur 3 semaines, le programme comprend 1 à 3 séances par semaine au choix. 1 étant le minimum pour obtenir une efficacité et 3 le maximum sous peine d’entraîner une fatigue ou simplement être inefficace.
La première semaine chaque séance se compose d’un échauffement à 50%. Donc 15 flexions pour notre patient. Puis 1 à 2min de pause. Et 1 série de travail à 70%. Ce qui fait 21 flexions pour notre BPCO.
Semaine 1: 1 à 3x/semaine
- Échauffement : 15 flexions
- Pause: 1 à 2min
- Travail: 1×21 flexions
La deuxième et la troisième semaines sont basées sur le même principe, 1 à 3 séances par semaine, avec une modification du nombre de séries.
Semaine 2: 1 à 3x/semaine
- Échauffement: 15 flexions
- Pause: 1 à 2min
- Travail: 2×21 flexions (pause=1 à 2min)
Semaine3: 1 à 3x/semaine
- Échauffement: 15 flexions
- Pause: 1 à 2min
- Travail: 3×21 flexions (pause=1 à 2min)
Donc semaine1: 1 série de travail; semaine2: 2 séries de travail; semaine 3: 3 séries de travail.
Évaluation d’un nouveau max
A l’issue de la 3ème semaine, nous effectuons de nouveau un max. Et ce max nous permettra de définir le programme des 3 semaines suivantes sur le même principe.
Imaginons que notre patient passe de 30 à 40flexions, cela nous fait 50%=20flexions; 70%=28flexions. Cela permet d’adapter les séances à ses progrès.
Prenons le cas où votre patient passe une mauvaise période, le jour du test il ne fait que 20flexions (10;14). Cela permet au patient surtout s’il est fatigué ou en phase où il ne peut plus progresser, d’entretenir des capacités musculaires tout en prenant le temps de se régénérer.
Et puis au bout de 3 -4 fois 3 semaines, il peut être intéressant de changer d’exercice, de varier les modes de contraction,…
Ce que je fait au cabinet, c’est que je donne 3 à 5 exercices intéressant différents groupes musculaires à faire dans la même séance.
Conclusion
Et puis le MUST, c’est que les patients peuvent devenir autonomes pour leurs exercices de renforcement et je peux donc consacrer mes séances de rééducation à travailler le contrôle moteur, à pratiquer du travail manuel, approfondir l’interrogatoire, effectuer de l’éducation thérapeutique, y adjoindre des agents physiques, etc.
Pour conclure, votre patient vient au cabinet, effectue un bilan, repart avec des exercices à la maison ou au cabinet (avant ou après ma séance) qu’il effectue donc en autonomie et cela me laisse plus de temps pour effectuer mon travail de kinésithérapeute. Ou encore cela permet tout simplement de faire moins de séances de kiné!!
Merci pour vos conseils utiles sur le renforcement musculaire.
Bonne continuation !