[Blog Du Kiné] Ostéopathe ou orthopédiste ?
Dans cet article je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée il y a 15 jours.
C’est au sujet de la consultation en première intention.
En tant que kiné, nous souhaitons que nos patients puissent nous consulter en premier recours c’est à dire sans passer par le médecin traitant. (Cf. la campagne de la SNMKR). Ce qui est déjà possible lorsque l’on est ostéopathe.
Pourquoi les ostéopathes non professionnels de santé en ont le droit alors que nous, professionnels de santé, n’y avons pas droit?
La raison en est simple, le législateur considère que les Osteopathes Non Professionnels de Santé voient des personnes pour leur confort et leur bien être (comme chez l’esthéticienne) alors que nous voyons des patients atteints de problèmes de santé. Je clos ici le développement de la polémique et j’en viens à mon histoire.
Un patient appelle au cabinet et demande un rendez-vous avec un ostéopathe pour un problème de pied. Rendez vous qui lui est donc donné avec moi, 5 jours après.
Le patient vient à son rendez vous et l’interrogatoire commence:
M. X, 25ans, ouvrier du bâtiment depuis 9 ans et a mal au pied, ne peut plus se chausser depuis une semaine mais cela fait un mois que ça a commencé.
Je demande qu’il me précise sa douleur.
Douleur sur le cou-de-pied droit qui était couleur peau mais maintenant violacée et qui est gonflé.
Pas de panique, on va approfondir l’interrogatoire et on verra ce que ça donne au bilan clinique…
[La patient rajoute:] mon médecin pense que c’est un kyste mais il aimerait bien savoir ce que vous en pensez…
[Je suis un peu surpris mais j’ai un ou deux médecins qui parfois me demande des avis sur leurs patients.]
C’est qui votre médecin?
Le médecin du sport de telle ville [médecin que du coup je ne connais absolument pas], il a fait un mot pour vous d ailleurs.
Ah et vous l’avez ce mot?
Ordonnance manuscrite
J ‘aimerais ton avis concernant une douleur invalidante sur le cou-de-pied droit présentant un kyste
[Là franchement un médecin du sport que je ne connais pas qui me demande un avis, c’est plus que louche.]
Vous êtes certains que votre médecin vous a demandé de venir me voir?
Oui il m’a dit d’aller voir un ostéopathe, celui que je voulais.
[Et à ce moment je percute sur ce qui en train de se passer…]
Il n’a pas dit orthopédiste plutôt votre médecin?
Orthopédiste, ostéopathe… ouai peut-être.
Bon alors, Monsieur, je pense que je ne vais rien pouvoir faire de concret pour votre pied. Montrez moi tout de même à quoi ça ressemble et je vous fait un courrier pour un orthopédiste.
Effectivement notre patient a bien une sorte de kyste violacé sur le dessus du pied. Malheureusement pour le patient un orthopédiste au pied levé en plein mois d’août, j’ai des doutes…
Je lui donne donc une lettre expliquant le quiproquo à l’orthopédiste.
Je lui donne l adresse de trois orthopédistes.
J’ajoute une lettre pour un cabinet de radiologie que je connais bien, au moins il aura une écho avant le rdv ortho.
Évidemment pas de facturation, le patient n’y peut pas grand chose et pour peu qu’on m’accuse d’exercice illégal de la médecine ;-).
Vous me pardonnerez de ne pas avoir travailler la libération des restrictions articulaires notamment talo-naviculaire et tibio-atragalienne qui selon la loi de l’artère ostéopathique peut soi-disant rétablir les conditions d’une bonne santé! Mais le patient ne venait pas pour ça.
Bref, 1 heure et une consultation de perdues. Mais une expérience surprenante et enrichissante qui m’a amené à réfléchir sur la situation.
Je pense que c’est un bon exemple pour voir ce que pourra donner le premier recours, il va falloir assumer certaines choses comme le fait un médecin.
Par exemple: combien de personnes vont chez le médecin, pour rien ou pour des choses aberrantes?
C’est donc aussi ça la consultation en première intention, voir des gens mal orientés, ou pleins de croyances.
Alors oui, lorsque le patient à la bonne démarche, la consultation en premier recours, c’est super.
Mais au-delà des mauvaises indications, nous verrons aussi le patient qui fait une colique néphrétique et son mal de dos, le gamin qui boite avec son rhume de hanche, les douleurs invalidantes cervicales sur un Pancoast et Tobias, etc.
Et dans tous ces cas, il ne faudra pas faire massage-mobilisation et on se revoit dans une semaine.
Il faudra savoir orienter, faire les choses et les papiers dans les règles. Il faudra assumer les responsabilités, les éventuelles poursuites et l’augmentation des tarifs de la RCP…
Bref avoir une réelle conscience et rigueur professionnelle.
Ok, je vais peut-être un peu loin mais il vaut mieux aborder ces sujets avant qu’après non?
Pour ma part, j’espère que la consultation en première intention pour les kinés arrivera, moyennant peut-être (nécessairement) quelques heures de formation en sémiologie clinique…
J’ai eu une expérience similaire avec un patient qui me demande s’il peut passer me voir (en kiné) pour avis et sans passer par son médecin traitant, pour un mal de dos. Le diag final a été posé en fin de journée par le doc (qu’il s’est finalement décidé à allé voir): embolie pulmonaire.
Donc effectivement, qui dit première intention dit responsabilité. C’est bien beau, mais il va falloir assumer.
Et le podologue dans tout ça??? ça serait pas le mieux placé en premier intention??? enfin bref les kiné sont pas les seul oubliés du paramédicale. Sinon très bon blog!
idem, un patient avec une raideur de cheville… thrust ou pas thrust???? Pas thrust, c’était une tumeur.
Marrant, j’ai déjà vu un pancoast, et une pyelo chez des patients ayant une prescription. La rigueur doit déjà être présente au quotidien chez les kinés.