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Le bodychart de Mark Laslett

L’évaluation de la douleur :

L’évaluation des schémas de la douleur est méconnue ou en tout cas mal employée

Le bodychart : 

Vous connaissez sûrement ce fameux bodychart ou diagramme corporel de la douleur où l’on dessine la douleur du patient?

L’EVA et la NPRS 11-points : 

Vous connaissez aussi celles-ci, simples mais sont-elles utiles et efficaces? 

La traditionnelle EVA (échelle visuelle analogique) ou la Numeric Pain Rating Scale 11-points (le nom savant de cette échelle que l’on utilise quand on demande au patient de coter sa douleur de 0 à 10) fournissent une approche assez pauvre de la douleur mais ont le mérite de bilanter la douleur à minima.

L’EVA (présente dans tous les bilans Kobus) permet de suivre dans le temps, l’intensité de douleur perçue par le patient. Elle a l’avantage d’être rapide et simple à mettre en oeuvre.

Sans aborder les neurosciences de la douleur qui rendraient imbuvable cet article et pour lesquelles je n’ai pas le niveau, je vous propose de vous présenter le diagramme corporel de la douleur utilisé par Mark Laslett.

Le bodychart de Laskett à colorier :

Ce bodychart à colorier (merci à Mark Laslett pour l’autorisation d’utilisation et de diffusion cf. infra) est simple à utiliser et pourtant très efficient.

Avant de faire la formation McKenzie (j’ai fait McKenzie partie A), j’utilisais très mal les bodycharts. Un dessin grifonné sur mon bilan papier faisait office de schéma de la douleur. 

Une autre chose m’a aidé à mieux utiliser le bodychart, l’utilisation d’une application e bilans, tout simplement car mes bodycharts sont devenus numériques, corrigibles, propres et précis. Cela change de mon tas de bilans mélangés qui traînaient sur mon bureau ou qui étaient classés dans un ordre alphabétique douteux dans une boite de marque suédoise…

Concrètement comment ça marche?

Les dessins de la douleur avec couleurs qu’utilisent Mark Laslett sont assez logiques et terriblement utiles : 

Chaque couleur correspond à un type de sensations rapportées par le patient :

  • la douleur aigue qui constitue souvent le motif de consultation du patient et que l’on pourrait, dans le cadre de pathologie musculo-squelettiques, associer à une douleur nociceptive (mais pas que!),
  • les sensations de chaud et de froid pouvant orienter vers des problèmes vasculaires ou des atteintes des petites fibres C (entre autres, A∂ également), etc,
  • le notions d‘engourdissement, d’anesthésie, de perte de sensation doivent élever notre indice de suspicion car pouvant évoquer une neuropathie sous-jacente par exemple. Cela peut vous indiquer de réaliser un questionnaire DN4 par exemple,
  • la sensation de douleur profonde, difficile à localiser précisément, sourde, floue. Dans cet item se retrouve souvent les gênes décrites par les patients, ce que les anglo-saxons appellent les « aches« ,
  •  les sensations de fourmillement ou de piqûres d’aiguilles. Dans cet item, je classe les sensations de décharge électrique également.
  •  les sensations de raideurs (tensions musculaires, contractures par exemple), de fatigue (mais sans faiblesse musculaire objectivable) et les sensations autres

A quels problèmes cela répond?

Vous êtes vous déjà rendu compte que ce que vous disait le patient n’avait parfois pas vraiment de rapport avec ce dont il souffre réellement et ce pour quoi il consulte?

Un exemple,  « j’ai mal à l’épaule droite », l’ordonnance concerne une épaule droite et le patient dessine une douleur principalement cervicale… Et ça vous vous en rendrez encore plus compte en utilisant le bodychart de Laslett. Vous serez même extrêmement surpris de la diversité des schémas douloureux que les patients savent dessiner mais qu’ils ne savent pas verbaliser.

Bien souvent; il s’avère que ma mémoire et/ou celle du patient flanchent. Reprenons notre exemple, le même patient avec son dessin de douleur cervicale au bout de 5 séances revient en disant « j’ai toujours mal à mon épaule droite », sauf que ses douleurs cervicales ont disparu et que sa douleur d’épaule droite était en fait un autre motif de consultation qu’il n’avait pas le jour de la première séance… Troublant? Pourtant c’est un patient que j’ai vraiment vu…

Et chose plus importante encore,  il arrive régulièrement que le dessin de la douleur de mon patient me permette avant même d’avoir approfondi l’interrogatoire d‘avoir une bonne idée du diagnostic kinésithérapique à envisager. Et sur ce coup là, il faut remercier Mark Laslett et son diagramme corporel en couleur, car cela m’a vraiment permis de passer un cap notable dans la prise en charge de mes patients. En prenant mieux en compte un des 3 piliers de l’Evidence Based Practice, la demande du patient!

Utiliser le dessin de la douleur avec des couleurs est un outil simple qui a une portée diagnostique et de suivi beaucoup plus pertinente que ce que j’imaginais au départ. 

En pratique, comment je l’intègre?

Concrètement je demande au patient en amont (dans la salle d’attente) ou au début de la séance  de dessiner sur la tablette (ils adorent ça!) TOUTES leurs zones de douleurs, de sensations ou de gênes en respectant les douleurs indiquées sur la légende. 

La première chose que j’ai noté, est que les patients se sentent vraiment « écoutés » lorsqu’ils remplissent ce bodychart, ils ont souvent l’impression que l’on prend en compte véritablement leur problème et notamment les problèmes qu’ils n’osaient pas ou ne savaient pas exprimer oralement.

Pour exemple, la semaine dernière, une patiente est venue me voir pour douleur d’épaule gauche suite à une opération, elle est suivi pour cela par un kiné depuis 1 an et n’avait jamais osé/pu dire au médecin qu’elle avait une anesthésie complète de tout un territoire sous-axillaire. Le diagramme corporel de Laslett lui a permis d’exprimer cela sans que ça ne me prenne plus de temps à l’interrogatoire que son médecin ou son kiné.

Deuxièmement et cela Mark Laslett l’explique bien lors de ses formations (cf infra), il existe des schémas douloureux assez caractéristiques qui donnent une bonne idée du diagnostic à envisager. Je vous en mets quelques uns :

Pourquoi évaluer les schémas douloureux de nos patients?

La douleur est bien souvent la raison principale de la consultation alors même si je ne suis pas algologue, algothérapeute ou spécialiste des neurosciences de la douleur, cela mérite tout de même de s’y attarder.

Cela permet : 

  • au patient de s’exprimer,
  • d’effectuer un meilleur triage,
  • d’orienter son diagnostic
  • d’effectuer un suivi plus précis de l’évolution des symptômes du patient,
  • d’être prédictif de certaines évolutions ( phénomène de centralisation)
  • de corréler les symptômes à la dimension psycho-sociale notamment dans les douleurs chroniques non spécifiques (Ransford AO, Cairns D, Moore D. The pain drawing as an aid to the psychologic evaluation of patients with low-back pain. Spine, Vol. 1 1976. pp. 127-134. Hartzell, Meredith M., Angela Liegey‐Dougall, Nancy D. Kishino, et Robert J. Gatchel. s. d. « Utility of Pain Drawings Rated for Non-Organic Pain in Chronic Low Back Pain Populations: A Qualitative Systematic Review ». Journal of Applied Biobehavioral Research 21 (3): 16287. ) ,
  •  d’évaluer la pertinence de nos interventions,
  • d’évaluer la superposition parfois de 2 pathologies évoluant distinctement sur le même territoire ( différencier les douleurs séquellaires post chirurgie des douleurs liées à l’opération).

J’espère vous avoir donner un aperçu de ce bodychart et l’envie de l’utiliser. C’est vraiment un outil super utile, qui parait simple et qui est véritablement puissant.

Si vous souhaitez aller plus loin et c’est Mark Laslett lui-même qui vous le conseille : 

« I use this scheme in my clinic and it is what I teach on my courses »

Je vous recommande de suivre sa formation en anglais : http://www.musculoskeletal.courses

Ou ses cours en présentiel ou en e-learning en français.

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