Ils n’auraient pas dû faire de sport…
Ces pathologies qui n’en sont pas:
Cas clinique n°1 :
Cette semaine une jeune patiente cavalière de bon niveau, consulte en ostéo pour des douleurs de genou à la course à pied. Elle a débuté la course cette année mais entre la scoliose qu’on lui a diagnostiquée à l’âge de 12 ans et son consciencieux vendeur de chaussures qui lui annonce qu’elle une pronation d’arrière-pied, elle est persuadée d’être tordue et que c’est pour ça qu’elle a mal…
Quand on sait que 80% des blessures en course à pied sont dues à des erreurs d’entrainement… Ça me fait mal au cœur, d’entendre que cette fille qui vient de découvrir la course, pense que ce sport n’est pas pour elle et qu’elle se sente mal foutue… Heureusement super-ostéo est là pour remettre tout ça droit!
Alors pour vous, une discrète scoliose associée à un pied légèrement pronateur, c’est une contre-indication à la pratique de la course à pied? C’est une indication de ceinture lombaire, de gainage intensif ou encore de semelles orthopédiques ou de chaussures avec correction anti-pronateur? Et la course est-elle vraiment faite pour elle?
Personnellement, je trouve que ça fait beaucoup de problèmes et d’artifices pour une fille qui n’a jamais eu de problèmes musculo-squelettiques avant, malgré la pratique intensive d’un autre sport…
Alors doit-on conseiller le sport aux personnes qui sont « mal foutues »?
Cas clinique n°2 : le cas Usain Bolt
Voici un athlète que l’on ne présente plus, Usain Bolt, certainement l’humain le plus rapide sur 100m des derniers millénaires. Un chasseur surnommé T8, le chasseur de Willandra était peut être plus rapide que Bolt. Quoiqu’il en soit notre héros des temps moderne aurait-il pu être si rapide en ayant une scoliose?
Je vous laisse observer la magnifique scoliose de Bolt :
Usain Bolt, le sprinteur le plus performant des derniers millénaires a une scoliose! Oui et alors? Non seulement, il a une scoliose mais en plus sa jambe droite appuie 13% plus fort au sol que sa jambe gauche, mais aussi à chaque foulée son pied gauche reste 14% de temps en plus au sol que son pied droit… (Something strange in Usain Bolt’s stride ) Faut-il en conclure quelque chose? Aurait-il été meilleur en corrigeant cela?
Cas clinique n°3 : le cas Jessica Ashwood
Jessica Ashwood, nageuse de l’équipe olympique d’Australie aux JO de Londres en 2012 à l’âge de 18ans, en 2015 elle gagne la médaille de bronze aux championnats du monde de 400m nage libre en grand bassin…
Son secret?
Son secret, peut être une scoliose? Là encore, nos yeux trahissent les préjugés que l’on a sur la scoliose… Tu ne pourras pas faire de sport, tu auras mal au dos plus tard, tu es tordue, tend ton bras que tu nages, etc. Imaginez ce que l’on met dans la tête d’un adolescent quand on lui dit cela… Visiblement ce n’est pas ce qui a empêché Jessica Ashwood de s’entraîner dur…
Cas clinique n°4 : le cas Almaz Ayana
Vous ne l’avez peut-être pas raté ce weekend, l’éthiopienne Almaz Ayana a remporté ce weekend le semi-marathon de Dehli (Inde) en 1:07:11, jamais aucune française n’a performé à ce niveau. Et pourtant pouvait-elle pratiquer la course à pied en raison de ses jambes?
Cette photo n’est pas sans rappeler les images maintenant bien connues de Priscah Jeptoo, prise pour dopage depuis…
Cas clinique n°5 : Monsieur Haile Gebresselassie
Est-il besoin de le présenter? Un des plus grand coureur de fond de tous les temps, 2 médailles d’or olympiques, 8 fois champions du monde (salle et plein air).
Mais sérieusement, il n’y a pas un type qui a oublié de lui prescrire des semelles et des chaussures anti-pronation?
Cas clinique n°6: Jim Abbott
Jim Abbott, ce nom ne vous dire peut-être rien, nous sommes en 1991 et Abbott termine la saison en tant que 3ème meilleur lanceur de baseball de la ligue américaine. Un petit détail, Jim est né sans main droite… il plaçait sur son bras droit sans main un gant de baseball pour gaucher, qu’il enfilait rapidement dans la main gauche une fois son tir décoché vers le frappeur, afin d’être prêt à attraper une balle cognée en sa direction (source wikipédia).
Cas clinique n°7: L’entasis grec
J’ignore d’où vient l’idée que la nature et la beauté, pour être juste, devrait être symétrique. D’où vient le fait que nous devrions être tous égaux, en mesure, par rapport à la verticalité… En revanche, ce que je sais, c’est que même les grecs avaient compris que les droites rectilignes ne sont pas compatibles avec les règles d’esthétiques les plus triviales c’est à dire l’architecture. Le joyaux de l’antiquité, qu’est le Parthénon d’Athènes en est un exemple.
En effet, pour compenser une illusion d’optique qui donnerait au spectateur l’impression que les côtés des colonnes sont concaves s’ils étaient parfaitement rectilignes, les architectes grecs furent obligés de bomber légèrement les colonnes: cette technique s’appelle l’entasis.
Conclusion
Vous l’aurez compris, avant de parler handicap à nos patients, ne leur cassons pas leurs rêves, encourageons les... Toute anomalie de symétrie qui irrite notre cerveau et notre logique biomécanique dont le dictateur est: un fil à plomb, n’est pas la cause d’une douleur a priori, au même titre qu’en médecine on nous apprend que toute femme en âge de procréer est enceinte, l’asymétrie n’est pas synonyme de douleur. C’est un principe de prudence qui me semble utile à rappeler quand on voit le pouvoir nocif de ces considérations à long terme chez nos patients…
La seule bonne raison pour laquelle ces athlètes n’auraient pas dû faire de sport est que nos sportifs français seraient montés d’une place dans les classements… #frenchchauvinism
Parfois ce qui est beau est chaotique
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