Le syndrome de l’essuie-glace pour les nuls
Far far away, il y a une dizaine d’années, quand j’ai allongé les distances (marathon et trail long) , j’ai été embêté par des douleurs de face externe de genou. Et aujourd’hui, il m’a fallu expliquer le principe de prise en charge par mail d’un syndrome de la bandelette ilio-tibiale à mon cousin. D’où, l’idée de cet article.
Pour traiter des patients coureurs (dont moi) pour un syndrome de l’essuie-glace (SBIT : syndrome de la bandelette ilio-tibiale, pour les intimes), il m’a fallu comprendre ce qui se passait et surtout comprendre comment l’expliquer.
L’idée de cet article n’est pas de faire un cours de physiopathologie sur le SBIT. J’aimerais présenter un modèle conceptuel pour l’expliquer à nos patients, en gros, un truc simple à comprendre pour leur permettre d’adopter la bonne attitude pour gérer un syndrome de l’essuie-glace.
Ce qu’il faut avant tout comprendre, c’est que le SBIT n’est pas une tendinopathie, c’est-à-dire que ce n’est pas en chargeant progressivement et de plus en plus le tendon à des vitesses lentes que l’on s’en sort. Oublions donc les protocoles types Stanish, Alfredson, HSR ou autres. Il ne suffit pas, dans ce cas, de mettre de plus en plus en tension le tendon pour qu’il s’adapte…
Pédagogiquement, le SBIT est plutôt un problème de compression, c’est parce que les structures (bourse séreuse par exemple) sont comprimées que cela fait mal (nociception). Pour expliquer cela à mon cousin, j’ai préféré l’illustrer par un schéma :
Ma question était :
- Tu préfères que ton doigt soit coincé longtemps et sans circulation sanguine contre le mur ?
- ou bien bien un peu plus fort mais avec du repos et moins longtemps à chaque fois?
L’idée est simplement de comprendre le problème des phénomènes compressifs dans ce genre de situation.
Cela permet de comprendre facilement pourquoi par exemple, je ne pouvais pas courir plus de 7km même (surtout !!! en fait) à vitesse lente mais que je pouvais encaisser les entraînements et les matchs de rugby (accélérations répétées suivi d’un repos). Le temps de mise en contrainte était le même, voir supérieur mais il était fractionné…
Donc cela permet de comprendre les préconisations pour prendre en charge un SBIT :
- Eviter la fatigue et le surentraînement car cela met en tension la corde de manière durable
- Diminuer la force et le temps d’impact au sol lors de la course, pour cela on préconise de faire moins de bruit en courant et on propose d’augmenter la cadence de course (pas la vitesse, simplement la fréquence des pas au sol).
- On augmente progressivement le temps de la sortie en gardant en tête que si on a mal c’est que l’on en a trop fait donc on reprend la séance suivant un peu moins longtemps ou un peu moins de km…
En gros, si vous avez mal c’est que votre doigt (votre genou en l’occurence) a atteint sa limite qu’il peut supporter et ce n’est pas peut être pas la bonne solution de s’entraîner à avoir mal au doigt car ce que vous voulez c’est courir et pas avoir un doigt super résistant.
Avant je pensais que c’était le tendon qui frottait sur l’os et que le meilleur moyen de le traiter était de renforcer le tendon, le muscle qui allait avec… Mais ça c’était à la sortie de mes études de kiné 😉
Tout cela est à visée pédagogique et les mécanismes exacts et scientifiques qui conduisent au syndrome de l’essuie-glace se passe au moins autant dans les circuits nerveux et neuronaux que dans les structures types muscles, tendon, bourse, os.
J’espère que cet article aidera quelques-uns de vos patients…
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