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J’étais kiné, je suis rentier

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Interview de Antoine *Z.  (le prénom a été modifié, ce kinésithérapeute a préféré garder l’anonymat), ancien kinésithérapeute et rentier depuis peu grâce à son ancienne activité libérale.

merci de vous enquérir de la date de publication de cet article

Bonjour Antoine, tu as arrêté ton activité libérale depuis quelques années, peux-tu nous en expliquer la raison?

Bonjour Julien. Effectivement j’ai décidé il y a maintenant quelques années d’arrêter mon activité libérale pour la simple et bonne raison que je n’ai plus le besoin d’exercer pour vivre.

 

On ne va pas se le cacher, tu as bénéficié d’une réputation internationale durant ta courte activité libérale, peux-tu nous parler de ton parcours de formation?

J’ai eu une formation que je qualifierais de plutôt classique. Après avoir obtenu mon bac, je me suis inscrit en classe préparatoire puis concours en poche, j’ai intégré un IFMK parisien. J’ai obtenu mon DE. J’ai alors commencé à exercer pendant quelques années mon activité de kiné.

Puis j’ai ensuite décidé d’intégrer un institut de formation en ostéopathie et j’ai obtenu mon diplôme d’ostéopathe.

 

Tu as travaillé dans une des communes les plus riche de France, peux-tu nous expliquer comment tu as pu négocier les tarifs conventionnels avec la CPAM de ton département?

J’ai travaillé dans une commune riche certes mais j’ai surtout choisi de m’installer dans une région où le revenu moyen net par habitant était intéressant.

Après, pour ce qui est des tarifs, cela s’est fait de manière progressive. Pour être tout à fait clair, j’ai commencé à pratiquer immédiatement un dépassement d’honoraire important. C’était pour moi le moyen le plus sûr d’affirmer mes compétences. En effet, je me suis dit: « Antoine*, si tu es cher c’est que tu es bon… Si tu es bon… ça va se savoir et les gens viendront! » Et puis ce qui est rare est cher… donc si les gens veulent avoir la chance d’obtenir un rendez vous avec toi, il faut que cela soit cher! Je résume un peu rapidement mais je pense que tu comprends ce que je veux dire…

Tu te doutes bien que j’ai rapidement eu la chance (ou pas…) d’avoir un petit coup de fil puis des courriers de menace d’une personne hautement placée à la CPAM de la région où j’exerçais. Elle voulait me mettre la pression, me dire que le dépassement d’honoraire était parfaitement interdit lorsqu’on exerçait une activité conventionnée, que je devais choisir etc etc… Mais pour moi, c’était tout simplement hors de question. Je n’allais pas me déconventionner moi alors qu’ailleurs en France, à Paris et en région parisienne plus exactement, ce soit disant fameux dépassement d’honoraires interdit était monnaie courante. Hors de question de me faire « ……. »! Il y a des règles et ces règles doivent être les mêmes pour tous que l’on soit parisien ou provincial un point c’est tout. Et quand (et je vous en passe…) tous ces arguments sont appuyés par un avocat spécialisé dans le domaine de la santé et qu’il commence à menacer de poursuivre une action qui est sûre de faire du bruit et de déranger au sein de beaucoup de hauts lieux décisionnaires français (je vous laisse imaginer…) alors là faites moi confiance, tout s’arrange et je vous assure que les relations avec la CPAM s’améliorent grandement…

 

Tu as bien sûr toujours travaillé à plus d’un patient par demi heure, peux-tu nous expliquer comment tu organisais tes semaines?

J’ai toujours travaillé comme ça c’est vrai.

Je partais du principe que je ne vendais pas mon temps mais mes compétences.

Je faisais deux types d’actes, des actes collectifs et des actes individuels. Bien entendu, le tarif des actes individuels était bien plus important que celui des collectifs mais cela permettait aux gens qui avaient des revenus plus modestes de pouvoir venir au cabinet.

Je classais les gens par pathologies, plus exactement par région anatomique. Par exemple, de 14h à 15h les genoux, de 15 à 16 les épaules etc. J’avais donc des heures dédiées à du travail de groupe, des heures dédiées à des consultations individuelles et des heures où j’exerçai en maison de retraite. Là uniquement, je pratiquais les tarifs conventionnés. C’était l’une des conditions que la CPAM avait négocié. Malgré tout, au vu du volume d’actes effectués, c’était très rentable.

Rapidement, j’ai été surchargé de travail. Les semaines d’attentes augmentaient et j’ai alors décidé de déménager dans des locaux plus grands et de me développer. J’ai commencé à m’agrandir, à former un assistant, deux assistants, puis des assistants etc. Et de fil en aiguille, j’ai commencé à acheter des nouveaux locaux dans des villes voisines afin d’y installer de nouveaux cabinets puis à développer encore plus mon activité, le nombre d’assistants, le nombre de patients et j’ai grossi petit à petit. J’ai fini par posséder plusieurs cabinets (foncier + patientèles +assistants) jusqu’à arriver là où j’en suis aujourd’hui.

 

Le tout récent congrès d’OMT-France avait pour thème l’accès direct, tu travaillais depuis longtemps sans ordonnance officielle car les prescripteurs sont rares chez toi, comment faisais-tu?

J’ai eu de la chance car même s’ils étaient rares, les médecins autour de mon cabinet étaient plutôt friands de rééducation et préféraient déjà les traitements manuels et le fait de faire bouger les gens plutôt que de leur prescrire toute une tonne de médicaments. Et puis comme j’étais également ostéopathe, j’étais déjà un thérapeute de première intention.

Parlons de ta vie actuelle, tu ne travailles plus, de quoi sont faites tes journées actuelles?

Aujourd’hui, je ne travaille plus comme professionnel de santé comme vous pouvez l’imaginer mais je suis quand même obligé de gérer mes affaires et mon patrimoine. L’argent que j’ai pu gagner durant mon activité ajouté à celui que j’ai gagné lorsque j’ai tout revendu car oui à l’époque les patientèles avaient une valeur importantes m’ont permis d’investir dans de nouveaux projets et d’être « tranquille ». J’aime donc passer du temps en famille et en particulier beaucoup de temps avec ma femme et mes enfants, mes amis, faire de bons restaurants, boire des grands crus, voyager, faire du sport, bricoler… Bref profiter à fond de ma nouvelle vie!

 

Si tu avais des conseils à donner aux jeunes diplômés pour devenir rentier grâce à la kiné avant 35ans, quels seraient-ils?

Je leur conseillerai dans un premier temps d’ouvrir les yeux et de se rendre compte que ce n’est pas en encaissant 16,13euros pour 30min de soins individuels qu’il vont mener grand train…

Après libre à chacun de mener la vie qu’il a envie de mener…

A bon entendeur…

 

Merci de cette interview. J’espère que beaucoup de jeunes suivront ton exemple.

Merci à toi Julien. Et si je peux me permettre un petit conseil pour finir: un blog aussi riche et intéressant que le tien n’a rien à faire en accès gratuit!!!!! Je t’offre une flûte de champ?

Cette interview a été réalisée un mercredi dans un golf du sud-ouest aux frais de M. Z. La prochaine fois, on va à la pêche?

3 comments

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Sargenton

Bonjour je pensais qu’on ne pouvait ouvrir que 2 cabinets de Kinésithérapie. Pouvez vous m’éclairer?

    comments user
    Julien

    Bonjour, ceci était un message « poisson d’avril ». Concernant la législation je vous conseille de contacter l’ordre professionnel de votre département.

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Mathieu

C’est parfait! J’y ai cru un moment en lisant les yeux écarquillés, étant moi même kiné, et j’ai explosé de rire quand j’ai compris le poisson d’avril tellement c’est gros!! Mais avec une part de réalisme et de dérision… Si on veut gagner beaucoup d’argent (devenir rentier) il ne faut pas faire kiné ! Mais pour ce qui est du métier, honorable et passionnant bienvenue!

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