J’ai fait McKenzie – Partie A
Suite à mon article Pourquoi je me lance dans une formation McKenzie, vous avez été plusieurs à me demander mes impressions à l’issue de la formation Mc Kenzie Partie A qui s’adresse uniquement aux lombalgies. Je vais tenter l’exercice…
La formation avait lieu à Montpellier et a duré 4 jours. Ces 4 jours ont été très denses au niveau du programme, horaires et objectifs ont été tenus. J’ai vraiment apprécié le sérieux de la formation et de son contenu.
La méthode McKenzie MDT (Mechanical Diagnosis and Therapy) bénéficie d’une formation dont le contenu est le même quelque soit le pays où l’on est formé, cela nécessite donc une sacrée organisation pour que les formateurs soient performants et ils l’ont été (Florence Morisseau et Frédéric Steimer).
Pour faire bref, la méthode McKenzie de Diagnostic et de Thérapie Mécanique (MDT) est basée sur un triage des patients en sous-groupes à l’issue d’un bilan diagnostic évaluant les réponses immédiates du patient à des mouvements le plus souvent répétés (dont les fameuses Extensions en procubitus qui ont fait la renommée de la méthode). C’est à dire qu’à l’issue d’un bilan (1h), on doit avoir une idée du sous-groupe auquel appartient le patient et lui proposer un traitement… Le Graal du thérapeute « McKenziste »(c’est comme ça qu’on les appelle!) est d’observer une centralisation de la douleur ainsi qu’une préférence directionnelle lors du bilan. La suite du traitement se fait principalement par une auto-rééducation du patient, en augmentant progressivement la vigueur des exercices, en associant une éducation du patient (une sorte d’hygiène de vie du lombalgique).
J’ai été très satisfait de l’humilité des formateurs vis à vis de la méthode car ils nous ont bien expliqué que le principe était assez simple mais que son application demandait tout de même un peu d’expérience. Ils ont également su nous rappeler que tout ce que nous faisons actuellement n’est pas à mettre à la poubelle et que beaucoup d’autres techniques (notamment de thérapie manuelle) ont leur place dans la prise en charge des patients lombalgiques.
Vous me demandez, est-ce que je conseille cette formation? et surtout sur quoi se base ces conseils?
Alors, oui je conseille cette formation. Je pense que c’est une très bonne formation car sérieuse. Nous étions un groupe de 32 ce qui est beaucoup, mais par chance le groupe était d’un bon niveau et tout le monde était studieux.
La méthode McKenzie MDT donne des perspectives intéressantes quant à la prise en charge des patients lombalgiques présentant par exemple des irradiations de types sciatalgies.
Le bilan initial (1h!) est précis et doit être rigoureux, c‘est là que se joue le reste de la prise en charge. Le raisonnement clinique qui s’en suit est relativement simple à comprendre et le discours pour le patient, basé sur le modèle discal, est très pédagogique et passe très bien, d’autant que les résultats attendus sont immédiatement objectivables par le patient et par le thérapeute.
La méthode se base sur la recherche de préférence directionnelle et d’une centralisation de la douleur (bientôt dans un article), observations qui bénéficient d’une validation EBP (qu’est-ce que l’EBP?) de grade A si je ne dit pas de bêtise, c’est à dire que ces deux facteurs de bons pronostics sont des faits scientifiques avérés.
Le risque avec une « méthode all inclusive » c’est de penser qu’intellectuellement ce n’est pas très passionnant pour le thérapeute. Je n’ai pas assez de recul pour en juger… Pour certains thérapeutes, il peut également être déstabilisant de ne pas laisser beaucoup de place pour discuter de la pluie et du beau temps pendant la séance… L’approche est anglo-saxonne et donc pas du tout latine… Pas de place pour la dépendance du patient à son thérapeute!
La logique en McKenzie est de toucher le moins possible le patient, ça change beaucoup de ce qui est considérée comme la « séance de kiné moyenne » en France, comprenant des massages, des étirements, des manipulations et du renforcement musculaire avec le thérapeute à côté du patient.
A l’issue de la formation, j’imagine qu’il y a deux façons de s’adapter: soit ne faire que du McKenzie (1h de bilan et quelques séances à distance avec une grosse place pour l’autotraitement et l’éducation du patient), soit s’inspirer de McKenzie pour faire une méthode franco-néozélandaise (des séances de kiné habituelles et des exercices d’autotraitement entre les séances…).
Mettre en place des prises en charge McKenzie nécessite une réorganisation des agendas, 1h pour le bilan initial, 30min pour la deuxième séance 2-3jours après et un suivi hebdomadaire de 30min avec intégration d’activités physiques en parallèle. Cette réorganisation est à mon sens un des freins principal pour une mise en place de la méthode en cabinet libéral en France.
Ce qui est séduisant dans la méthode c’est la prédiction des effets. Un patient bien bilanté au départ, peut se présenter, en fonction de sa réponse à la centralisation de la douleur et à la présence d’une préférence directionnelle, de bon pronostic quand à l’amélioration des symptômes. Et c’est bien ce que j’observe avec les patients depuis 3 semaines, c’est efficace et ça responsabilise le patient. Il n’est pas de trop de revoir les patients car les exercices d’autotraitement demandent à être reprécisés quelques jours après.
Le discours patient est lui aussi intéressant dans le sens où l’objectif est de le responsabiliser vis à vis de sa pathologie. Alors bien évidemment le type qui revient en disant qu’il n’a pas fait ses exercices, ça pose immédiatement la question de sa réelle motivation (ou un autre problème) pour diminuer ou abolir (deux termes employés en McKenzie) ses symptômes. Concernant cette réaction de patient, le modèle bio-psycho-social (les drapeaux jaunes en MDT) prend tout son sens.
Je parlais d’« Abolir » ou de « Diminuer » les symptômes, qui peuvent aussi être « Empirés » ou « Périphérisés ». Ceci fait parti du langage McKenzie. Je trouve que ce langage qui fait parti du « business model » McKenzie ne rend pas la discussion entre professionnels simplifiée, un peu comme en ostéopathie avec les « lésions ostéopathiques en flexion » ou les « SSB en lésion d’extension ». Donc au final difficile de communiquer avec un McKenziste! Un exemple de contradiction, en McKenzie une « douleur centrale » est une douleur proche de la ligne des épineuses (on pourrait dire médiane?) alors que scientifiquement une douleur centrale est une douleur dont l’origine implique le système nerveux central. Tous ces langages non uniformisés créent une schisme entre les McKenzistes et les autres dans les échanges professionnels (mon collègue non formé aura beaucoup de mal à comprendre mon bilan sur un patient).
Autre bémol, je pense que la notion de triage issue du bilan initial induit un biais de sélection car on ne nous a pas vraiment dit ce que l’on faisait des patients non répondant. Donc que fais-je du patient qui vient et ne répond pas du tout aux critères de notre bilan? S’il vient uniquement parce que je pratique la MDT, c’est dommage… Certainement que Robin McKenzie a gardé cela pour les autres Parties de la formation (Partie A -lombaires; Partie B – thoraciques et cervicales; Partie C – Perfectionnement lombaire et membre inférieur; Partie D – Approfondissement Thoracique cervicale et membre supérieur, Cours P – perfectionnement sur les extrémités).
Voilà pour les impressions, ce n’est peut être pas celui de tous les McKenzistes…
Concernant les à-cotés, j’ai apprécié les footing à 6h30 du matin le long du Lez à Montpellier avec Florence, merci les copains kinés pour le PV (35€) quand on s’arrête 5min vous faire une bise! Et nous avons pu profiter d’un sympathique match de rugby féminin France-USA avec une grosse 3ème mi-temps avec l’équipe de France (dur le réveil pour la formation le samedi matin!). Et merci Montpellier pour sa météo pourrie fin novembre ;-)
7 comments