Interview de Marion DOREE, MKDE sur l’île de la Réunion
Bonjour Marion, tu es masseur-kinésithérapeute libérale à la Réunion depuis quelques années.
Peux-tu expliquer à nos lecteurs comment tu es passée de tes études parisiennes à la vie sur une île?
Une envie d’évasion et de découverte m’entraîne à la Réunion, en janvier 2010, pour mon stage de 5 semaines en dernière année de mes études de masso-kinésithérapie. Je suis tombée sous le charme de l’île, de ses paysages contrastés, de l’atmosphère multi-culturelle qui y règne et de sa musique métissée.
J’y suis revenue dès l’obtention de mon diplôme en juillet 2010 dans l’idée d’y rester une année ou deux… Plus de cinq ans après, j’y suis toujours et je n’ai aucune envie de revenir en France métropolitaine pour le moment.
Comment se passe le boulot à la Réunion? Le rythme de travail est-il le même qu’en métropole?
Nous vivons au rythme du soleil, c’est pour cela que je commence tous les matins à 7h, ce qui est tôt par rapport à la métropole. Par contre, je ne travaille plus après 15h30 et j’ai 3 demi-journées de libre dans la semaine.
La plupart des professionnels de santé, ici, ont des horaires moins contraignants qu’en métropole. Mon cabinet reste ouvert de 7h à 19h mais nous nous partageons les plages horaires entre collègues. Nous effectuons aussi beaucoup de soins à domicile.
Les rythmes de travail et de vie sont très agréables, j’ai l’impression d’avoir du temps à consacrer à mon métier mais aussi un temps personnel indispensable pour me sentir équilibrée et bien dans ma vie. Cela me permet d’être plus attentive et à l’écoute des gens que je soigne.
Tu travailles dans un quartier populaire de l’île, quels rapports as-tu avec les Réunionnais?
« Je me suis assez vite mise à parler kréol et c’est devenu naturel pour moi »
La Réunion est à 11000km de la métropole. Comment peut-on effectuer sa formation continue?
En sortant des études, j’ai tout de suite voulu poursuivre avec une formation d’Ostéopathie. N’existant plus d’école à La Réunion, je me suis inscrite dans une école près de Paris (Collège Ostéopathique Européen à Cergy-Pontoise).
La formation a duré 5 ans avec 7 allers/retours de 6 jours par an en métropole. J’ai eu la chance d’avoir des collègues conciliants qui m’ont autorisés à m’absenter si souvent. Ces années ont été difficiles à gérer car c’est un rythme intense à avoir mais je suis ravie de l’avoir fait.
J’effectue mon dernier voyage en septembre pour présenter ma soutenance de mémoire et ça sera la fin d’une époque.
Je pense par la suite faire une formation de kiné du sport moins longue et surtout à La Réunion. Il y a de nombreuses formations continues qu’il est possible d’intégrer sur l’île. Il y a souvent des congrès ou des journées professionnelles organisées par des intervenants venant de métropole.
La formation post-DE locale en kiné est tout à fait possible et identique à celle existante en métropole.
Parlons loisirs, on surnomme la Réunion, l’Île intense avec notamment la Diagonale des Fous. Tu viens de l’athlétisme et maintenant du fait de l’ultra-trail comme beaucoup de kinés installés sur l’île… la transition a-t-elle été naturelle?
En arrivant sur l’île, je voulais reprendre l’entraînement sur piste mais aussi rencontrer du monde pour partager ma passion de la course. J’ai donc intégré un club mais la plupart des gens pratiquait le trail.
J’aime aussi beaucoup la randonnée alors je me suis prise au jeu…
J’ai commencé par un trail de 27km proche de chez moi, j’ai été bénévole pour l’association du Grand Raid (organisatrice de la Diagonale des Fous) en tant que kiné et ensuite assistée une amie sur le Trail de Bourbon de 100km.
Tous ces évènements n’ont fait que renforcer mon envie de me tester sur des trails de plus en plus longs.
En quatre ans, je suis passée du trail court (20-40km) à la Diagonale des fous 173 km!
« J’ai découvert un milieu sportif qui me correspondait bien. Une nouvelle façon de pratiquer mon sport »
Je me sens libre dans les sentiers et à travers les montagnes. J’ai découvert une famille à travers mon club et les gens rencontré en course. Quand on vit entourée de paysage magnifiques, il serait effectivement dommage de se contenter de s’entraîner sur la piste…
Peux tu nous dire ce que tu aimes à la Réunion et ce qui te fait rester?
A la Réunion:
- j’aime les gens qui m’entourent,
- j’aime parler créole,
- j’aime écouter Exo fm,
- j’aime conduire pieds-nus,
- j’aime les couchers de soleil,
- j’aime être au milieu de Mafate,
- j’aime regarder les vagues du Cap Lahoussaye,
- j’aime les expéditions au Volcan,
- j’aime danser sur du maloya,
- j’aime sentir le vent sur mon visage quand je cours en bord de mer,
- j’aime m’allonger sur la piste d’athlé et regarder la montagne,
- j’aime les après-midis plage,
- j’aime regarder le lever de soleil sur la route pour aller travailler,
- j’aime l’odeur du frangipanier,
- j’aime l’atmosphère du marché de St-Paul,
- j’aime la simplicité de ma vie…
Évidemment tout cela, ça fait rêver, alors quels conseils donnerais-tu à des kinés qui souhaites venir quelques mois ou plus à la Réunion? Comment faut-il s’y prendre pour trouver des rempla?
Il y a un gros turn-over dans notre profession, nous aurons toujours besoin de remplaçants. Il est intéressant de venir fin octobre pour la Diagonale des fous, nous avons toujours besoin de bénévoles kinés et c’est une expérience unique de vivre la course de l’intérieur.
« Cette période est vraiment une période de fête pour toute l’île »
Merci Marion, profite bien de ta vie insulaire et amuse toi bien en sport. D’ailleurs, on ne manquera pas de regarder tes résultats à la Diagonale des Fous 2014 (173km) ou encore sur l’UT4M 2015 (168km). En attendant les prochaines courses…
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