Les courbatures (DOMS), c’est quoi exactement?
Les courbatures (DOMS), c’est quoi exactement?
Tout le monde (ou presque) sait ce qu’est une courbature. En effet le terme de courbature fait partie du langage courant des sportifs. Le développement exponentiel ces dernières années des salles de sport a permis de démocratiser la courbature qui est rentrée dans la chaumière de la ménagère de moins de 50ans.
L’idée que l’on se fait d’une courbature est souvent une douleur musculaire faisant suite à un effort inhabituel et qui est signe que l’on a bien travaillé pendant la séance de sport.
Mais en réalité, quel kinésithérapeute est capable de bien expliquer à son patient ce qu’est une courbature, s’il faut la rechercher à chaque séance de sport, ce qu’il faut faire pour ne pas avoir mal ou bien si il faut attendre avant de refaire une séance de sport?
Définition
En termes scientifiques, les courbatures sont appelées DOMS, Delayed Onset Muscular Soreness, douleurs musculaires d’apparition retardée.
Idées reçues
C’est l’accumulation d’acide lactique qui provoque les douleurs musculaires retardées. L’acide lactique Les productions de lactates (merci Pierre M) consécutifs à un effort sont éliminés dans les deux heures suivant la fin de l’exercice, ce ne peut donc pas être la cause des DOMS.
Classification
Les courbatures font partie du grade 0 de la classification des lésions intrinsèques musculo-aponévrotiques de Renoux et Brasseur.
Les courbatures appartiennent aux lésions musculaires intrinsèques c’est à dire consécutive à un effort de contraction et non extrinsèque comme un choc qui viendrait de l’extérieur.
Modalités d’apparition
Les douleurs musculaires d’apparition retardée sont appelées ainsi en raison de leur apparition survenant en général dans les heures voire jours qui suivent un effort intense et/ou inhabituel.
Le meilleur moyen d’obtenir une jolie courbature est la contraction musculaire excentrique intense et inhabituelle sur un muscle non entraîné.
Conséquences fonctionnelles
Les conséquences fonctionnelles sont évidentes, on trouve une perte des qualités proprioceptives, une limitation des amplitudes articulaires actives, parfois passives ainsi qu’une diminution de la force musculaire volontaire.
En gros avec des courbatures aux cuisses, vous marchez n’importe comment, surtout en descendant les escaliers, parfois vos genoux peuvent lâcher sans prévenir, vous êtes incapable de vous accroupir et encore moins de vous relever et vos patients se moquent pendant 24h, 48h ou 72h.
Evolution naturelle
Ces douleurs musculaires retardées sont toujours provisoires (quelques jours) et les lésions des fibres musculaires sont réversibles.
Signes échographiques
A l’échographie, les lésions intéressent uniquement les fibres musculaires et se traduisent par une tuméfaction. En terme d’imagerie, les fibres musculaires apparaissent hyperéchogènes. En revanche, il n’y a pas de signe au niveau du support aponévrotique. Le tissu conjonctif de soutien est donc respecté.
Physiologie
On l’a dit les DOMS sont dues aux lésions des cellules musculaires suite à un effort important. Les cellules endommagées doivent donc être dégradées et réparées notamment leurs débris membranaires. Ce processus de nettoyage-guérison est permis par la mise en place de facteurs pro-inflammatoires, c’est donc en partie ce processus inflammatoire qui est responsable des douleurs musculaires retardées. Les nocicepteurs seraient stimulés par les facteurs pro-inflammatoires.
Au sein de la fibre musculaire, on observe donc un œdème, une perturbation du métabolisme, la libération de débris cellulaires, la perturbation des relations membranaires intercellulaires ainsi que l’activation retardé d’un processus inflammatoire nécessaire à la restauration de la bonne santé locale.
Comportement à adopter
Les facteurs permettant d’éviter les courbatures sont principalement en rapport avec le niveau d’entraînement du muscle et/ou l’intensité de l’effort.
L’intensité d’un effort est en corrélation directe avec le niveau de préparation du sujet. Si vous êtes sédentaires, un effort même réputé peu intense pourra provoquer des courbatures. En revanche un muscle extrêmement bien préparé comme chez les bodybuildeurs sera bien armé contre les courbatures.
Le sport en compétition est un recherche de performance donc souvent de développement musculaire le plus important possible dans un temps le plus court possible. Et c’est bien là que l’on retrouve l’école du « No pain, no gain » et celle de l’adaptation progressive du corps en bonne santé. La vérité réside certainement dans une maîtrise des capacités d’adaptation du corps entre agression/réparation et adaptation lente à l’effort…
La contraction musculaire excentrique à haute intensité sera donc à réserver aux muscles préparés et en bonne santé. En rééducation ce type d’effort est préconisé dans la réparation tendineuse où l’on recherche l’apparition d’un processus inflammatoire utile à la guérison du tendon. Il faut donc bien distinguer rééducation et athlétisation (ses périodes peuvent toutefois se superposer).
Pour prévenir les courbatures, un échauffement musculaire préalable permettant une bonne vascularisation donc un métabolisme optimal à l’effort est indispensable ainsi qu’un temps de récupération (active si possible) faisant suite à l’effort. Ce sont des habitudes à prendre pour bien préparer le muscle et éviter les dommages musculaires ou permettre leur meilleur prise en charge dans les heures suivant l’exercice.
Pistes de réflexions
Je n’ai pas de données sur la relation entre l’hypertonie musculaire de repos et les douleurs retardées. Peut-être que les spécialistes du sujets pourraient m’éclairer pour étoffer cet article de données scientifiques.
J’ai également éviter dans cet article la polémique vis à vis des étirements afin d’en faire un article informatif sur les courbatures et non sur leur prévention.
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