Les trigger points par Nathalie REBOUL

Les trigger points par Nathalie REBOUL

Nathalie REBOUL entête

Cet article est un article participatif rédigé par Nathalie REBOUL, kiné libérale à Mondragon.

 

Vous avez souvent entendu parler de trigger points, d’ailleurs le blog du kiné vous en a déjà parlé avec son article sur le Dry Needling.

Mais en fait, savez-vous vraiment ce que sont les trigger points ?

Les trigger points sont des contractions, des nœuds qui se forment au sein des fibres musculaires.

On les identifie en les recherchant manuellement notamment lors de vos massages.

 

Cela vous est-il déjà arrivé de ressentir ces nœuds, ces contractions, au sein d’un corps musculaire ?

Quand on appuie dessus, c’est le moment où le patient vous dit que « c’est là », là où il a vraiment mal.

Classiquement la douleur lorsqu’on stimule le point ressemble à une brûlure d’intensité et de radiation croissantes avec la pression que l’on y exerce. Certaines personnes décrivent également une sensation de grosse piqûre avec irradiation électrique autour.

Concrètement, pour détecter un trigger point actif dans un muscle vous avez différents signes cliniques pour vous guider :

  1.  – le signe du retrait (ou du sursaut)
  2.  – le signe de reproduction de la douleur
  3.  – le signe de reproduction de troubles neurovégétatifs
  4. – le signe de la secousse
  5. – le signe de la douleur prolongée même après la séance

 

Ces trigger points, ou points gâchettes (en français dans le texte), sont associés à des phénomènes inflammatoires locaux et déclencheurs de douleur, un muscle contracté présente un manque de circulation sanguine. Après un certain temps, des substances chimiques s’accumulent à l’intérieur de cette contracture. Elles provoquent finalement la douleur qui gêne la personne.

Anatomiquement que se passe-t-il au niveau de ces trigger points ?

Le processus primaire, situé au niveau de la plaque motrice est la libération, à des taux excessifs, d’acétylcholine entraînant un raccourcissement du sarcomère par hyperexcitabilité de l’unité motrice et la décharge de nocicepteurs . Le raccourcissement des sarcomères conduit à la réduction de la circulation locale, à l’ischémie, à la baisse du pH et enfin à la carence énergétique (ATP). La tension psychique et le stress aussi augmentent l’activité sympathique et les muscles se contractent.

 

Qui a des trigger points ?

Chose étonnante, tout le monde possède des trigger points, même les bébés et les enfants. On retrouve des trigger points dans chacun des muscles du corps et plusieurs trigger points peuvent se retrouver au sein du même muscle.

« Alors du coup, on est tous malades, même depuis la naissance, vous allez me dire! »

Et bien en fait, il y a une classification des trigger points. Il y a les Trigger Points Actifs, Passifs, Primaires et Secondaires.

Tous les trigger points sont associés à un dysfonctionnement (dysfonctionnement permanent ou transitoire, souvent nécessaire, il permet au corps de s’adapter à son environnement, c’est pour cette raison que même les bébés en ont.

En réalité seulement les trigger points actifs sont associés à la douleur référée.

 

Tout le monde en a depuis 1983!

« Un peu d’histoire ça ne fait pas de mal »

Le premier manuel des points trigger (Travell & Simons’ Myofascial Pain and Dysfunction: The Trigger Point Manual : Upper Half of Body)a été publié en 1983 par les Dr. Janet Travell, MD et Dr. David G. Simons, MD.Le Dr Janet Travell a consacré sa vie à étudier les trigger points et à dessiner les images qui nous sont un outil indispensable pour comprendre d’où viennent les douleurs et en connaître l’origine.

 

C’est à elle que l’on doit les images des trigger points et leurs douleurs référées qui sont le

fruit d’un travail ardu que l’on peut saluer.

 

 

 

Maintenant que l’on sait que tout le monde est malade et a des trigger points pour le restant de sa vie, que fait-on pour traiter ces trigger points actifs ?

Une chance pour le kiné, un des traitements les plus efficaces est la thérapie manuelle par pression et mobilisation tissulaire.

Pour ma part, j’utilise des pressions statiques maintenues 30 sec, puis relâchées 30 sec, et je recommence jusqu’à réduction des phénomènes douloureux, objectivée par le patient surtout !

Car les petites pressions rotatoires sont moins bien vécues, en « rippant » sur le point on déclenche des spasmes moyennement appréciés! LOL

Un autre traitement efficace, sujet à de nombreuses études en ce moment dans le monde et qui fait couler beaucoup d’encre en France dans le milieu de la thérapie manuelle orthopédique est le traitement par des aiguilles (type acupuncture) directement en intra musculaire : le Dry Needling.   Par une aiguille d’acupuncture stérile à usage unique, on essaye de détruire le point douloureux dans la musculature pour que le muscle puisse se relâcher et la circulation sanguine puisse reprendre.

Nathalie REBOUL (relecture Julien LOUIS)




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9 commentaires

  1. Je ne comprend pas en quoi il y a un phénomène inflammatoire local si ces Trigger Points sont liés à une ischemie locale.

    Et en cas d’inflammation, pourquoi venir presser ces zones, à part faire un appel sanguin et ainsi une inflammation?

    • bonjour,
      comme vous pourrez le retrouver dans les publications de christian Gilardeau par exemple, il est expliqué que:

      « La mise en évidence des mécanismes biochimiques, électriques et histochimiques est en faveur d’un processus local associant inflammation , hypoxie et un processus à distance de
      sensibilisation.La visualisation est possible par des techniques d’élastographie et d’ultrasonographie de haute résolution. « 

    • en fait par des manoeuvres de pression/decompression ou rotatoires appuyées on cherche davantage un effet de pompage en regard du trigger point et donc le rétablissement d’une irrigation sanguine progressive

  2. Au niveau du traitement par pressions ischemiques, on fait tous un peu au hasard, des études sur la durée des pressions, la course du muscle existent-elles?

    • à ce jour plusieurs études ont été menées sur ce sujet mais rien de probant permettant d’établir des protocoles.
      les praticiens se rejoignent tous sur des pressions guidées par le ressenti du patient.
      C’est le patient qui est toujours le mieux placé pour savoir à quel moment la pression que le kine exerce sur un Point Gâchette est suffisante (sur une échelle de 0 à 10, 5, maximum 7 devrait être considéré comme acceptable)

    • d’autres protocoles existent, voici un copier coller
      Protocole Carrio Training System 1 : effectuer un maintien statique de 5 secondes, puis relâcher de 50 % de votre pression pendant 5 secondes, puis recommencer ainsi pendant 50 à 60 secondes (6 compressions).
      Protocole Carrio Training System 2 : effectuer un maintien statique de 5 secondes, puis relâcher de 50 % la pression, puis faire suivre par un automassage très lent de la zone en passant 4 à 8 fois (selon la vitesse) doucement sur le trigger point.

  3. autre protocole :application d’une pression progressive sur le PTM avec le
    pouce. La pression doit s’arrêter au moment où la sensation de pression devient une sensation
    de douleur. A ce moment, la pression doit être maintenue jusqu’à la réduction de la douleur
    d’environ 50%. Lorsque le patient signale la diminution de la douleur, le praticien peut à
    nouveau augmenter la pression sur le PTM et relancer la procédure. Ce processus doit être
    effectué systématiquement pendant 90 s. L’application de cette technique s’avère plus efficace
    lorsque les muscles se trouvent complètement allongés et détendus (Simons, 1999).

  4. Il me semble me souvenir que dans mes cours de la DGSA, la pression efficace était située entre 2kg et 9 kg au bout du doigt. ( ils ont fait des études ou ils traitaient les trigger avec un appareil qui calcule la pression).

    Perso en pratique clinique je trouve que quand la pression est trop faible l’efficacité est moindre.

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